[FERMÉ] Chapelle Notre-Dame des Flots
SAINTE-ADRESSE
Descriptif
Elle appartient au paysage, à l’histoire, au culte… depuis 1859, dominant la falaise de Sainte-Adresse, même si, tout comme le Pain de Sucre, érigé quelques mètres plus bas, elle est désormais noyée parmi les résidences construites sur les terrains alentours. Son charme indéniable lui vient de sa situation exceptionnelle, de son jardin des poètes, de ses murs couverts d’inscriptions, de remerciements, de tableaux, de maquettes qui interpellent, interrogent, font travailler l’imaginaire du visiteur. Ils sont des bribes de vies que notre esprit fécond va reconstituer, esquisser, supposer.
La dévotion à la vierge très présente sur le littoral (Honfleur et Notre-Dame-de-Grâce, Fécamp et Notre-Dame-de-Salut, Etretat et Notre-Dame-de-la-Garde) remonterait pour Sainte-Adresse au XIVème siècle avec une célébration chaque 11 septembre. A l’origine de l’édification de cette chapelle se profile une personnalité pour le moins originale : l’abbé Duval-Pirou, un ecclésiastique hors norme à la tête d’une coquette fortune, doté d’un sens très pratique, d’un esprit d’entreprise et de rentabilité (il loue les chaises de l’église à un bastringue, le dimanche soir !) proche d’un homme d’affaires.
Il lance une souscription en 1857 offrant la moitié du coût de la construction et utilise les quotidiens pour en assurer la promotion, promettant aux généreux donateurs (ils seront 60 individuels et six groupes familiaux) que leurs noms seront inscrits sur un tableau accroché dans la sacristie. La conception de style gothique du XIIIème siècle, en vogue à cette époque, est confiée à un jeune architecte, Théodore Huchon dont le nom reste par ailleurs attaché à construction de la Villa Mon Désir (malheureusement détruite aujourd’hui) de la Reine Marie Christine d’Espagne exilée alors en France. Ce premier projet le marquera au point qu’il souhaita faire figurer sur sa stèle au cimetière Sainte-Marie, dans un médaillon, une représentation de Notre-Dame des Flots. L’entreprise Pupin est en charge des travaux comme en atteste l’inscription figurant sur une pierre de la façade à gauche du portail. L’abbé, toujours à l’affût des bonnes affaires négocie de la pierre de Caen, de Ranville, de Caumont et de Vernon (provenant de la démolition des fortifications) dont il se fait offrir très habilement la moitié, par la municipalité.
Artisans et artistes participent aux embellissements intérieurs de manière totalement désintéressée. La construction dure deux ans, du 20 septembre 1857, pose de la première pierre, au 11 septembre 1859, jour de la bénédiction par un temps superbe, devant près de dix mille personnes. La chapelle n’est pas alors exactement celle que nous connaissons. Elle subit une importante modification en 1861, avec l’ajout de deux petits transepts. La partie sud est dédiée à Saint-Henri, patron du fils unique (dont on peut voir le gisant) de la comtesse de Silveira, mort en 1857. En acceptant d’ajouter une chapelle, le curé de Sainte-Adresse accorde à cette femme malheureuse une immense consolation. Et cela lui permet de faire élever la chapelle Saint-Denis, au nord, dite chapelle du curé, où il désire être enseveli.
Le monument voulu par l’abbé Duval-Pirou a un plan simple : une nef, encadrée par deux clochetons, élevée sur une crypte. La chapelle axiale, nommée « sanctuaire », contenant la statue de la Vierge, vaste niche éclairée par des baies et peinte d’azur étoilé, en est le trait le plus original. Edifiée au-dessus de la sacristie, ce qui économise adroitement l’espace, elle prolonge le chœur. La Vierge est ainsi placée en position dominante. Le regard du fidèle passe de l’autel à la statue de la Mère de Dieu dans une perspective ascendante. Il en retire une impression de profondeur étonnante dans un si petit édifice, dont la nef mesure 13,40 mètres de long.
Si finalement le monument est modeste, il n’en demeure pas moins un lieu dont la fréquentation n’a jamais faibli. Fidèles, simples curieux, touristes viennent, l’espace d’un instant, s’y recueillir, la découvrir et penser à tous les marins sauvés ou à jamais perdus.
Dans ses causeries avec Raoul Dufy, Pierre Courthion rapporte ce témoignage : « …il a demandé de mettre dans ses bagages, ses tubes de temperas, des feuilles de papier et une petite peinture de lui, qu’il emporte toujours dans ses déplacements, une Vierge avec cette inscription : Notre-Dame des Flots ».
Ouvertures et horaires individuel
- Fermé jusqu’à nouvel ordre.
Tarifs
- Entrée gratuite.